Pour des raisons assez évidentes (c’est-à-dire mon amour pour Ai Yazawa et ses œuvres) et la récente réimpression de ses titre Gokinjo et Last Quarter, je souhaitais me pencher un peu plus avec vous sur sa carrière de mangaka.
Une jeune (très jeune) mangaka
C’est à l’âge de 18 ans, à la sortie du lycée, qu’Ai Yazawa entamera sa 1ère publication dans un magazine shojo de la Shueisha : le très populaire Ribon. Pas d’école d’art pour elle donc, et c’est avec son titre Ano Natsu (あの夏) qu’elle intègre immédiatement le monde du travail et lance sa carrière professionnelle en 1985. On peut cependant noter qu’elle s’inscrira l’année suivante dans une école de stylisme, qu’elle abandonnera seulement un an après en 1987, trop prise par le manga pour s’y consacrer plus longtemps. Je tiens à particulièrement mettre l’accent sur son intérêt grandissant pour le monde de la mode, car il deviendra rapidement l’une des pierres angulaires de son écriture.
Une ascension progressive
Ai Yazawa ne connaîtra pas un succès fulgurant à la sortie de ses premiers titres, mais se fera tout de même peu à peu sa place dans le milieu du shojo manga grâce à ses publications régulières, toujours chez Ribon. C’est surtout grâce à Je ne suis pas un ange et Gokinjo – Une vie de quartier paru respectivement en 1992 et 1995 que l’auteure commence à se faire particulièrement remarquer. Les deux mangas dépeignent la vie de lycéennes et leurs aventures et mésaventures amicales et amoureuses. Des tranches de vie assez classiques en apparence, mais sublimées par la plume et l’humour d’Ai Yazawa. De plus, Gokinjo est une ode à la créativité, faisant de ses personnages des artistes passionnés et touche à tout. Notre protagoniste, Mikako Koda, coud des vêtements pour la marque qu’elle a créée, Happy Berry (eh oui, quand je parlais de mode, c’est vraiment récurrent), tout ceci sur fond de romance et de peines de cœur, bien évidement ! (sans quoi, serait-ce vraiment du Ai Yazawa?).
Phénomène Nana
C’est son véritable tour de force, vendu à des millions d’exemplaires dans le monde entier. Qui n’a pas déjà entendu parler des deux Nana? Même plus de 20 ans après la parution de son premier tome, le manga reste une référence intemporelle.
On y suit le quotidien de deux jeunes filles du nom de Nana (Osaki et Komatsu), prenant leur indépendance en s’aventurant dans l’immense métropole qu’est Tokyo. Leur chemin se croise une 1ère fois dans le train pour rejoindre la capitale, et une 2ème fois lors d’une visite d’appartement. Plutôt que de se le disputer, elles décident de fonder une colocation. Là où Yazawa se démarque de ses prédécesseures, c’est d’abord car Nana est avant tout une histoire d’amitié. Parsemée de romance, sans aucun doute, et comme à son habitude. Mais le récit se base sur une relation presque épistolaire entre les deux Nanas, narrant chacune leur version des faits et se répondant mutuellement. Dans un deuxième temps, c’est sans conteste grâce à son talent de narratrice. Ai Yazawa en plus d’être une bonne mangaka, est une excellente romancière, détentrice d’une plume juste et touchante (qui vous fera, je l’espère, rire et pleurer avec nos protagonistes). C’est également l’occasion pour elle de placer sur le devant de la scène une autre de ses passions : la musique.
Et puis… plus rien
A notre plus grand dam, l’auteure s’est retrouvée forcée d’interrompre la publication de Nana dû à des de problèmes de santé et depuis, pas de nouvelles. Dans ce cas, quoi de mieux que de pouvoir se mettre ses œuvres précédentes sous la dent? Grâce aux récentes réimpressions de Delcourt, ses titres depuis longtemps indisponibles sur le marché du neuf reparaissent peu à peu. C’est l’occasion pour moi de vous parler d’une de ses petites séries, Last Quarter. En 3 tomes, Yazawa nous conte le récit d’une jeune fille prisonnière d’une maison abandonnée, et des 4 enfants qui vont tout mettre en œuvre pour l’aider à recouvrir la mémoire dans l’espoir de la libérer d’elle-même et de sa cage. Chose rare chez l’auteure, elle le parsème d’éléments fantastiques et s’éloigne de son registre habituel très ancré dans le réel. Pourtant, cette prise de risques et de libertés lui réussit, et c’est avec beaucoup d’émotions qu’elle nous transmet les valeurs qui caractérisent ses œuvres ainsi que son amour pour la musique.
Que vous la connaissiez déjà ou que vous la découvriez, n’hésitez plus : foncez. Ai Yazawa, c’est une plume touchante, un dessin soucieux du moindre détail, et un humour malicieux (et notre grande reine de la mise en abime).
Tous les mangas d’Ai Yazawa sont publiés aux éditions #delcourt (exepté pour Paradise Kiss, édité chez #kana en intégrale) et disponibles dès maintenant, que ce soit à la librairie Comptoir du Rêve à Toulouse ou sur notre site internet !
#Komumanga #libérezlesshojos @yolesreveurs
Rébecca